à l’issue de la représentation | |
En collaboration avec les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA) représentés par Hervé Roué, c’est ce même CRBN qui a en outre offert cette année à une cinquantaine d’entre eux une expérience particulièrement enrichissante autour du spectacle Métamorphoses créé par Habaquq et compagnie (voir le site). Dans un premier temps, le 8 février, Jérémie Fabre, metteur en scène, Agnès Fabre, comédienne et Matthieu Garczynski, musicien (voir son site), sont venus animer des ateliers « théâtre et musique de scène » au cours desquels les lycéens ont été amenés à imaginer rapidement une mise en scène d’une métamorphose d’Ovide, à l’approfondir, à l’interpréter – accompagnés par les musiques que leurs camarades avaient parallèlement créées. ![]()
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Découverte de métamorphoses jusqu’alors inconnues, et découverte des Métamorphoses sous une nouvelle forme : les textes joués prenaient vraiment vie, grâce à un spectacle très dynamique, et sens, à travers les interprétations personnelles du metteur en scène. Le but recherché n’est pas de raconter exhaustivement chaque histoire, ce pourquoi certains passages sont difficiles à comprendre, tout en étant intéressants. Les gros plans sur les personnages étaient très bien utilisés, pour faire vivre plus intensément les scènes. Dans la scène de la peste, par exemple, c’est le survivant d’une catastrophe qui confiait son dernier message à la caméra, dans une ambiance morbide digne d’Hollywood : le journal de bord vidéo d’une victime d’un fléau. ![]() . ![]() |
Le deuxième temps de cette action de sensibilisation au spectacle vivant s’est déroulé le 2 mars, dans le cadre du théâtre intercommunal de Domfront, qui jouxte heureusement le lycée puisqu’il occupe l’ancienne chapelle du collège fondé en 1689, dont Auguste-Chevalier est le laïque héritier. La compagnie Habaquq a donc joué là, pour cette cinquantaine de spectateurs privilégiés et avertis, le spectacle qu’elle a créé l’automne dernier à l’Abbaye blanche de Mortain : Métamorphoses, soit une douzaine des deux cent trente et une histoires recueillies par Ovide, avec pour inénarrable fil conducteur un Monsieur Pythagore au discours strictement ovidien mais à l’allure d’électrique savant Cosinus. ![]()
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La musique était elle aussi très réussie, avec la chanson très rythmique de Pythagore : « Tout change, rien ne périt », qui était assez joviale et apportait une touche d’ironie. ![]()
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Pendant une bonne heure, après la traditionnelle réserve initiale, les questions ont fusé : « Pourquoi la poule ? » (car il y a une poule, bien vivante) ; « Pourquoi la vidéo ? » ; « Comment avez-vous fait votre sélection dans le foisonnement ovidien ? » Metteur en scène, comédiennes et comédiens, musicien, éclairagiste-vidéaste y ont répondu avec clarté et passion, mettant en évidence combien cet art de l’éphémère qu’est le théâtre vise encore et toujours la catharsis aristotélicienne, à partir d’un travail collectif intense et rigoureux qui met en œuvre, selon les besoins, le traditionnel « quatrième mur transparent » célébré par Diderot, ou la modernité de la vidéo, capable de focaliser l’attention du spectateur sur l’émouvant gros plan d’un visage affolé par les ravages d’une épidémie, ou s’endormant sereinement dans une mort pythagoricienne, qui n’est que passage de l’âme d’un corps dans un autre – celui d’une poule, pourquoi pas ? ![]()
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Tout l’espace du théâtre est utilisé, pas seulement la scène : bonne façon de « parler » davantage au public. Des vêtements d’aujourd’hui, jeans et joggings : au début, j’en étais gênée, mais au fil du spectacle l’apparence vestimentaire a perdu de son importance pour moi, prise par la succession des scènes, dans des registres d’ailleurs variés de l’une à l’autre, ce qui était très appréciable. ![]()
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- Conclusion d’un lycéen -
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J’avais déjà remarqué que le théâtre a quelque chose de plus fort que le cinéma, car il y a une proximité, des interactions possibles avec les acteurs : on se sent plus proche, plus concerné. Mais là, j’ai découvert avec étonnement toutes les ambiances et réalisations possibles sur une scène. Une représentation que je conseille vivement d’aller voir.