Articles

Cette rubrique s’adresse à tous ceux qui veulent éveiller leur esprit critique et s’engager dans l’aventure de la pensée philosophique. À travers des articles accessibles, elle aborde quelques-unes des grandes questions que l’humanité se pose et propose des pistes de réflexion pour nourrir sa propre pensée.
Professeur de Philosophie, M. Carrel (photographié ici en 1910) exerça dans notre établissement durant les années 1900-1920. (Collection Lycée Auguste-Chevalier).

Articles (22)

  • L’homme est-il un animal comme les autres ?
    L’homme s’est longtemps considéré comme un être unique, séparé du reste du règne animal par sa raison, sa conscience et sa capacité à développer le langage et la culture. Pourtant, les découvertes récentes en éthologie montrent que les animaux peuvent eux aussi manifester des formes d’intelligence, de communication et d’émotions. Cette réalité invite à reconsidérer la nature de la différence entre l’homme et l’animal. Faut-il voir en l’homme un animal parmi d’autres, simplement doté de facultés plus développées ? Ou bien faut-il maintenir l’idée d’une rupture essentielle qui justifierait un statut à part ? L’enjeu dépasse la seule classification biologique : il touche à la définition même de l’humain, mais aussi à notre manière de vivre avec les autres espèces. Sommes-nous prêts à penser nos relations avec les animaux autrement que sous le prisme de l’utilité et à envisager l’instauration de nouveaux rapports fondés sur la reconnaissance, le respect et la cohabitation ?
  • Le temps est-il essentiellement destructeur ?
    Quelle est l’essence du temps ? Qu’est-ce qui le constitue au plus intime exactement ? Est-ce la destruction ? Il est vrai que rien ne résiste au temps, que tout cède devant lui. Mais centrer la définition du temps sur la destruction, c’est oublier que le temps, c’est aussi la vie, et que rien ne se fait sans lui. Le temps présente en effet des facettes positives et ne voir en lui qu’une puissance destructrice serait l’aborder de manière réductrice. Comment alors définir la nature propre du temps si, tel un Janus, il présente deux visages diamétralement opposés ? Ne doit-on pas renoncer à concevoir son unité et la penser comme pleinement double ?
  • Notre rapport au monde est-il essentiellement technique ?
    Si l’être humain fait partie de la nature et lui est rattaché par de multiples liens, il a su, au cours de son histoire, agir sur elle et se soustraire progressivement à son emprise, en transformant son environnement et en produisant un monde matériel fait d’objets artificiels de toutes sortes. Des premiers outils aux robots contemporains, la technique a partie liée avec cette dynamique d’arrachement de l’homme au monde naturel. Façonnant l’évolution de l’humanité, ses progrès ont permis de réaliser le projet dont Bacon et Descartes rêvaient à l’aube de la modernité et qui est désormais la modalité spécifique du rapport de l’homme à la nature : celui de sa maîtrise et de sa domination. Mais, paradoxalement, la puissance que l’être humain a conquise l’expose aujourd’hui à nombre d’impuissances, et l’arrachement complet à la nature qu’il visait le reconduit, sous une forme certes très différente, à son attachement initial. Un basculement s’est en effet produit. Depuis plus de deux siècles, l’impact des activités humaines est tel qu’il a déclenché des mécanismes au long cours de dégradation de l’environnement dont la dynamique est si puissante qu’elle menace l’habitabilité même de la planète pour les êtres humains et pour les autres espèces, marquant l’entrée de la Terre dans ce que certains experts ont récemment proposé de nommer l’Anthropocène, littéralement « l’âge de l’homme », une nouvelle séquence de l’histoire terrestre où le degré d’incertitude quant à l’avenir du monde n’a jamais été aussi élevé. Une fois posé ce constat alarmant, il n’échappera à personne qu’il faille d’urgence redéfinir nos relations avec la nature, mais comment exactement ? Quelles issues trouver à la crise de la modernité suscitée par le basculement dans l’Anthropocène ?
  • Le travail n’est-il qu’une servitude ?
    Renvoyant étymologiquement à l’idée de torture et placé sous le signe d’une malédiction depuis que Dieu obligea Adam à travailler durement, le travail est souvent perçu comme une contrainte pénible privant l’homme de sa liberté. À cette vision négative s’oppose l’idée que le travail est un moyen d’expression et de réalisation de soi, un facteur d’émancipation et d’intégration, une activité permettant à l’homme d’accomplir son humanité en lui donnant l’occasion de déployer toutes ses facultés. Ne voir dans le travail qu’une servitude serait en effet en rester à une conception réductrice, mais il faut bien admettre qu’avec la logique qui gouverne l’économie depuis plus de deux siècles, celle de l’augmentation de la productivité et de la rentabilité, les méthodes d’organisation du travail mises en place ont fini par le défigurer, générant un profond mal-être chez un nombre croissant de travailleurs. Quelle voie prendre alors pour sortir de cette crise que traverse le travail, pour qu’il ne soit plus vécu comme une source de souffrance mais retrouve son sens et sa valeur ? Une transformation radicale de ses conditions d’exercice ne s’avère-t-elle pas nécessaire ?
  • L’histoire est-elle ce qui arrive à l’homme ou par l’homme ?
    Pour évidente qu’elle puisse paraître, l’idée que l’homme ait la capacité de produire l’histoire et de la gouverner librement est contestable, car l’histoire se présente aussi comme le résultat de processus qui se déroulent sur le long terme, indépendamment de lui, et qu’il ne parvient pas à maîtriser. À la conception de l’homme comme sujet de l’histoire s’oppose ainsi celle de l’histoire comme processus sans sujet. Quel rôle l’homme joue-t-il alors exactement dans l’histoire ? A-t-il le pouvoir de la faire et de décider de son sens, ou bien est-il voué à demeurer prisonnier de forces qui le dépassent et orientent seules le cours des événements ?